Attention. Les dimensions de l’oeuvre, la renommée de son auteur, ses qualités esthétiques et le traitement du sujet, enfin son excellent état de conservation et la présence de la signature de l’auteur désignent déjà les acheteurs potentiels.
Des musées, de grandes institutions étrangères, voire une poignée de collectionneurs dans le monde…
Car derrière une estimation « prudente et attractive » de 120 000 à 150 000 €, selon les termes des commissaires-priseurs, se cache une oeuvre exceptionnelle. Conservée depuis trois générations dans une famille auboise, l’oeuvre a été repérée par la société Pomez & Boisseau, l’hôtel des ventes de Troyes, lorsque ses propriétaires ont désiré la mettre en vente.

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Incontestablement, c’est un nouveau chef-d’oeuvre découvert et mis aux enchères par la société à Troyes…
Saisi, le cabinet parisien Turquin a mobilisé ses experts qui l’ont authentifiée. Une oeuvre inconnue à ce jour du grand peintre flamand Frans Francken II (Anvers 1581-1642), selon l’expert Stéphane Pinta. Une attribution qu’ont corroborée deux experts européens. Les Drs Ursula Harting, spécialiste de Frans Francken II, et Ria Fabri, spécialiste reconnue dans l’art anversois au XVIIe siècle.

UNE GRANDE COMPOSITION ET DE PETITES SCÈNES…

La traversée de la mer Rouge est un panneau de bois de 118 x 213cm. C’est la plus grande oeuvre peinte connue de Francken après Éternel dilemme de l’homme : le choix entre le vice et la vertu, (1633), conservée au Museum of fine arts de Boston. Les experts la situent d’ailleurs dans la même période de création, les années 1630-35 lors desquelles il peint
plusieurs allégories de dimensions sensiblement égales comme L’Allégorie de l’abdication de Charles Quint (134 x 172, Rijksmuseum d’Amsterdam).

Le thème et la lecture de la Traversée sont infiniment plus accessibles que ceux d’Éternel dilemme sans pourtant céder à la
facilité : des groupes se détachent çà et là qui composent de très belles scènes indépendantes. À gauche, un groupe « est inspiré d’une Sainte Famille de Raphaël », note Stéphane Pinta. Au centre, Aaron est entouré des Anciens, dans une composition dont la vivacité et le panache évoquent Rembrandt.

À droite, une nature morte de coquillages est particulièrement remarquable et souligne une scène dans laquelle Moïse, bâton en main, commande l’engloutissement des chars de Pharaon… Façon, peut-être, pour Frans Francken de raviver l’originalité d’une scène qu’il a peinte plusieurs fois déjà mais qu’il figure là « au moment qui suit la libération du peuple d’Israël, après qu’il eut traversé la mer Rouge… »

Incontestablement, c’est un nouveau chef-d’oeuvre découvert et mis aux enchères par l’hôtel des ventes de Troyes…
Une oeuvre qui conserve là encore une part de mystère car elle présente au revers un décor géométrique qui incite Stéphane Pinta à penser qu’il constituait peut-être, initialement, le couvercle d’un coffre de rangement ou de transport d’un instrument…