Les trois frères Dionisio, Giacomo et Girolamo Nardini, natifs de Sant’Angelo-in-Vado, dans les Marches, ont su illustrer, ensemble comme de manière autonome, les fastes du gothique finissant.

Signé par Girolamo, un tableau d’autel, dépeignant dans une mise en scène étagée La Vierge et l’Enfant, saint Bernardin, saint Antoine de Padoue, huit anges et des séraphins, en a témoigné, lors d’une vacation troyenne. De surcroît, daté «1510», il pouvait prétendre à une adjudication de 59 520 €, soit quasiment trois fois son estimation maximale. Un résultat qui s’affirme comme l’un des meilleurs pour cet artiste, rarissime en salle de ventes (source Artnet). Le panneau reprend la vénérable technique du fond d’or, utilisée depuis le XIIIe siècle et chère aux Primitifs, sans doute dans une démarche volontaire d’archaïsme. Les personnages religieux, très étirés, sont des saints franciscains, dont la simplicité vestimentaire contraste fortement avec la richesse du groupe divin, paré de motifs également chamarrés. Le panneau a malheureusement été coupé dans sa partie supérieure, ce que trahissent les mains de l’ange disparu couronnant la Vierge. Ajoutons encore que la traçabilité impeccable de cette œuvre d’exception – depuis l’église de Gubbio (Ombrie), pour laquelle elle fut conçue jusqu’à la fameuse collection du peintre et collectionneur hollandais Léo Nardus – n’a pas été étrangère à sa victoire. Avec un score de 19 840 €, la suivait à quelque distance une autre peinture italienne : une Sainte Famille (un panneau de 63 x 53,5 cm), donnée à l’entourage de Dosso Dossi, soit l’école de Ferrare du XVIe siècle. Peintre de la cour du duc Alphonse Ier d’Este puis d’Hercule II, l’artiste a beaucoup œuvré pour cette dynastie ferraraise, en livrant nombre de tableaux mythologiques ; mais il réalisera aussi des retables et peintures pour les autels des églises.

Paru dans la Gazette Drouot du 4 octobre 2019.