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Panorama sur Constantinople

Vendredi 18 Mars 2022 à 16h04
À la suite de Giovanni Bellini et de Jean-Baptiste Van Mour, Antoine-Ignace Melling fut l’un des rares peintres occidentaux à avoir eu accès à la cour ottomane. Un précieux et impressionnant témoignage.

Resté dans la famille depuis 1880, ce captivant dessin provient des descendants du contre-amiral Eugène Marie Le Léon (1848-1937). Comme toujours chez Antoine-Ignace Melling, on se plonge dans ce vaste panorama avec bonheur. L’on part à la découverte de chaque bâtiment dessiné avec minutie, et de chacun des personnages, dromadaires ou ânes, détaillés avec soin. Les touches d’aquarelle rehaussent ces vues à la fois paysagées et architecturales d’un peu de couleur et de beaucoup de poésie. Le peintre français, grand voyageur, a finalement importé le védutisme italien dans ce pays. Daté de 1802, ce dessin se place donc dans la dernière année de présence de Melling à Constantinople. Depuis deux ans, il ne travaille plus pour la cour ottomane. Congédié par la sultane, il multiplie les vues pittoresques de la ville, vendant un grand nombre d’entre elles, et destinant les autres à son fameux Voyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore publié à Paris entre 1809 et 1819. Cette vaste composition, découverte protégée dans un grenier familial depuis des années, y est d’ailleurs reproduite dans la planche 14. Ce travail remarquable permet en outre de découvrir la vie au sein de la cour de Selim III. C’est en 1784 que l’artiste né à Karlsruhe, où son père était sculpteur à la cour de Charles Ier de Bade, mais dont la famille était originaire de Lorraine, arrive à Constantinople, accompagnant la suite de l’ambassadeur de Russie. La princesse Hadidgé, sœur du sultan, se prend d’amitié pour lui. Elle lui ouvre les portes du palais de Topkapi, et même du harem. Il dessine pour elle des jardins ou encore des bijoux et réalise les décorations de ses résidences. Elle l’introduit ainsi auprès de son frère Selim III, et il est nommé architecte impérial en 1795. Melling devient un témoin privilégié de la vie à la cour, mais aussi des merveilles de la Sublime Porte et de ses alentours. Son immense travail impressionnera Talleyrand, qui le recommandera à son retour en France, en 1803, auprès de l’impératrice Joséphine. L’artiste poursuivra son œuvre de dessinateur topographique au fil de ses voyages en France, en Hollande, en Angleterre, et même sur les sommets pyrénéens.

Antoine Ignace Melling fut un témoin privilégié de la vie de la Sublime Porte, et au sein même de la cour du sultan Sélim III. Un exceptionnel dessin réalisé en 1802, soit la dernière année de son séjour dans l'Empire ottoman, représentant une Vue du port de Constantinople prise des hauteurs d'Eyoub est annoncé à 50 000/60 000 €. Il provient des descendants du contre-amiral Eugène Marie Le Léon (1848-1937), qui l'avait acquis dans les années 1880. On déboursera encore 30 000/35 000 € pour une bague en platine sertie d'un diamant de 4,01 ct de couleur fantaisie jaune naturel et pureté VVS2, et 4 000/5 000 € pour un bronze de Maximilien Fiot, Harde de trois sangliers. Enfin, côté mobilier, un grand bureau à cylindre d'époque Louis XVI en placage de bois de rose, estampillé par Nicolas Petit, se négociera à 3 500/4 000 €.