



Manuscrit XVIIIe siècle. Récit de ce qui s'est passé depuis la conversion de Mr Chanteau jusqu'à sa mort. sl, , 1700 (25 janvier). Petit in-4 de 196 pp. manuscrites d'une belle et grande écriture soignée à l'encre brune, signées par un certain Brasseur l'aisné, (1) f. blanc et (4) pp. de gardes infine remplies d'exercices d'écriture. Veau brun, dos à nerfs orné (reliure de l'époque). Premier plat cassé, coiffes et coins usagés.
Manuscrit d'un rare récit de conversion et pénitence : celle du libertin Antoine Chanteau (1620-1668), depuis 1661 jusqu'à sa mort, sous la conduite du prédicateur Nicolas Feuillet (1622-1693). "Chanteau était cousin germain de Lefèvre de Caumartin, le président au Parlement de Paris que Colbert fit nommer garde des sceaux en 1666. Le récit de cette conversion a d'abord fait l'objet d'une diffusion manuscrite avant de connaître, à partir de 1703, plusieurs éditions imprimées, signe d'une diffusion et d'un succès confirmés par Moreri : « petit ouvrage qui a été si répandu, et qu'on lit tous les jours avec tant d'édification ». Le dimanche des Rameaux 1661, Chanteau assiste, par égard pour sa mère et malgré lui, à un sermon sur la fausse pénitence prononcé en l'église Saint-Nicolas des Champs par Nicolas Feuillet. Ce dernier, chanoine de Saint-Cloud, avait la réputation d'un orateur et moraliste sévère, proche des jansénistes : prédicateur zélé, c'est en quelque sorte un parangon du convertisseur de ces années 1660 () En 1661, date du début de sa conversion, Chanteau avait passé quarante ans d'une « vie toute païenne » () Il était non seulement un mondain jouisseur, mais également un esprit fort () Touché par la grâce à l'occasion du sermon de 1661, Chanteau cède aux larmes, aux soupirs et au désir de se convertir ; un premier confesseur « lui ordonna de brûler tous les méchans livres qu'il avoit chez lui, ce qu'il fit aussitôt ». A l'issue d'une confession générale, il obtient absolution et communion, mais c'est alors qu'une rencontre avec Feuillet lui laisse entrevoir que ce nouveau repos de l'âme est trompeur, que sa conversion est précipitée, fausse et inachevée. Il doit recommencer à se préparer à une confession générale, par six mois d'un examen de conscience accompagné de contrition, d'exercices spirituels () Après ces six mois seulement intervient la vraie confession générale, qui dure trois jours et précède la justification. Chanteau meurt le 23 mai 1667, à quarante-sept ans. Après la communion et l'extrême onction, le dernier acte est constitué par le respect et l'écho que cette conversion rencontre dans le monde. () Rédigée par Feuillet qui en transmet à sa mort (1693) le manuscrit original à l'un de ses neveux, elle avait fait l'objet d'une diffusion manuscrite, par voie de copies. On ne sait pas qui Feuillet étant mort en 1693 a décidé et entrepris la publication imprimée, qui obtient un privilège daté du 1er octobre 1702. ()" SORDET, Yann. Controverse, exposé des motifs, cheminement de la conscience repentante : la mise en page de quelques récits de conversion aux XVIIe et XVIIIe siècles In : La mise en page du livre religieux (XIIIe-Xxe siècle) [en ligne]. Paris : Publications de l'École nationale des chartes, 2004.
Estimation : 300 € à 400 €
Adjugé : 370 €