



HUGO (Victor), 1802-1885. L.A.S. "Victor Hugo", Paris, 30 août 1849, à Frédéric(?) d'après une note manuscrite postérieure au crayon, 1 p. in-8 : "Monsieur j'ai reçu le remarquable article publié par Le Politique sur la dernière séance du Congrès de la paix. Je suis profondément touché d'une cordiale et bienveillante appréciation d'autant plus honorable pour moi qu'elle vient évidemment d'un écrivain des plus distingués. Soyez assez bon monsieur pour leur transmettre mes plus vifs remerciements et veuillez agréer l'expression personnelle de tous mes sentiments de reconnaissance et de considération." Député à l'Assemblée constituante depuis juin 1848, Victor Hugo a été choisi par le Comité du congrès de la paix qui s'ouvre le 21 août 1849 à Paris, pour diriger les discussions. L'écrivain prend alors ses distances avec Louis-Napoléon Bonaparte et les conservateurs pour se rapprocher des républicains et livre à cette occasion un discours humaniste et visionnaire sur les "États-Unis d'Europe":
"Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand Sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France !"
Il imagine une Europe axée sur le Rhin et se désole de constater que l'antipathie entre la France et l'Allemagne n'est que la conséquence de manoeuvres diplomatiques menées par l'Angleterre et la Russie pour affaiblir la France. Il prône une Europe des peuples en lieu et place d'une Europe des rois, sous la forme d'une confédération d'États unissant les peuples via le suffrage universel et l'abolition de la peine de mort, et envisage la création d'une monnaie unique !
Estimation : 200 € à 300 €
Adjugé : 425 €