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[PRESSE] – Troyes, capitale des motos de collection - La Gazette Drouot

Vendredi 18 Avril 2025


EXTRAIT DE L'ARTICLE [Troyes, capitale des motos de collection]


Copyright : AUCTIONSPRESS – La Gazette Drouot – Par Philippe DUFOUR


Point d’orgue d’un salon annuel autour des deux roues, cette dispersion de machines historiques et d’engins d’exception sera l’occasion de redécouvrir des modèles entrés dans la légende.


Depuis 2023, Troyes attire tous les amoureux de mécanique pour une manifestation festive, l’in- contournable Salon de la moto. Si l’adresse n’a pas changé pour cette troisième édition – le Parc d’expositions « le Cube » –, un événement inédit a été inscrit au programme : la vente aux enchères d’une cinquantaine de motocyclettes et cyclomo- teurs, anciens et modernes, issus essentiellement de deux collections françaises. La première a été rassemblée par Jean Desvoyes, ancien maire d’un petit village de la Haute-Marne, mécanicien agricole de profession, et désormais à la retraite. Ce passionné a décidé aujourd’hui de vendre ses machines, dont la restauration occupa long- temps la plupart de ses loisirs, s’attachant à restituer leur état premier, à l’affût des pièces d’origine manquantes. Particularité de cette sélection très pointue : un certain nombre des deux-roues présentés sont des engins conçus, ou utilisés, par l’armée et les forces de sécurité. Dans cette section spécialisée, la première place revient à la doyenne des machines, une Indian 1000 Powerplus de 1918, attelée à son side-car d’origine. Estimée 16 000/25 000 €, cette moto est équipée d’un moteur (numéroté 85K794) bicylindre en V quatre temps de 996 cm3 à soupapes latérales, et dotée d’une boîte trois vitesses par sélecteur à main. Elle a été construite fin 1917 dans les usines de la Hendee Manufacturing Company, à Springfield, dans le Massachusetts, et livrée en Europe pour prêter main forte aux troupes françaises dans les derniers mois de la guerre.



De bons et loyaux services

Une fois l’armistice signé et la paix revenue, après avoir joué un rôle dans les missions de reconnaissance et de liaison, notre exemplaire a été rendu à la vie civile et vendu par les Domaines. Deux décennies plus tard, débutait le second conflit mondial, où les deux-roues, remplaçant peu à peu les chevaux, allaient se trouver en première ligne, une situation rendue possible grâce à de grandes avancées tech- niques. Une motocyclette française illustre bien la nouvelle donne : la Gnome et Rhône 800 AX 2, de type Estafette, elle aussi équipée d’un side-car, de marque Bernardet à roue motrice et des environs de 1939. Doté d’un moteur bicylindre à plat (n° 16725), quatre temps, à soupapes latérales, et d’une boîte quatre vitesses, ce véhicule massif, à la livrée vert kaki, est attendu à 7 500/13 000 €. Avec ce modèle, la société Gnome et Rhône a su tirer son épingle du jeu dès 1937, alors que les autorités commençaient à constituer des stocks de motocyclettes destinées à l’armée.

Après la débâcle française, et sous l’Occupation, d’autres deux-roues ont pu être utilisés par les opposants à l’armée allemande, comme en témoigne une Koehler-Escoffier 350 KLS 4A fabriquée en1936, et arborant sur son garde-boue avant les couleurs de la Résistance (1 300/2 300 €). Dans un état nécessitant une restauration, ce modèle Grand Sport est équipé d’un moteur de 350 cm3 (n° 380), à sou- papes culbutées, et d’une boîte quatre vitesses par sélecteur au pied.

Pour rester dans une ambiance martiale, on évoquera également les motos utilisées dans les années 1960 par la police et la gendarmerie française, à l’exemple de deux Ratier. La première, la 600 C6S, a été livrée le 13 juillet 1960 à la compagnie de gendarmes de Ris-Orangis (2 000/3 000 €) ; en bel état, elle est équipée d’un moteur (n° 40788) bicylindre à plat, quatre temps, de 594 cm3, à soupapes culbutées, et d’une boîte quatre vitesses. La seconde (même estimation) est la 600 C6S «Radio», aux caractéristiques techniques similaires (moteur n° 40471). Ce modèle, livré le 14 février 1962 aux services de Sûreté nationale de Montpellier, pouvait être équipé – comme son surnom l’indique – d’un micro/haut-parleur émetteur-récepteur. Venue d’outre-Rhin, leur cousine, la BMW 600 R69/S (avec side-car) de 1961, modèle mythique aux lignes parfaites et à la peinture d’un noir brillant, devrait être aussi convoitée pour 7 000/13 000 €. Rappelons que la machine constitue le haut-de-gamme de cette décennie et qu’elle est munie d’un moteur bicylindre (celui-ci numéroté 655616) à plat quatre temps, toujours de 594 cm3 et à sou- papes culbutées.



Anglaise, italienne ou japonaise ?

Cependant, la motocyclette, monture préférée des rebelles – on le sait –, demeure avant tout synonyme de liberté et d’évasion, sur route comme sur circuit. Ces deux univers seront bien illustrés par plusieurs anglaises, italiennes et japonaises, fabriquées depuis 1960 jusqu’aux années 1990. Ces engins proviennent pour la plupart d’une seconde collection, demeurée anonyme. Parmi elles, la plus attirante pourrait s’avérer la britannique Norton 750 Atlas Racer de 1967, reconnaissable à sa silhouette très ergonomique et équipée d’une bulle avant, car destinée à la compétition sur piste. Son moteur quatre temps affiche donc 750 cm3 (n° 2C/116589/P), et devrait redémarrer en échange de 10 000/14 000 €. Autre anglaise de charme – aux lignes vintage particulièrement appréciées aujourd’hui –, la BSA A65L Lightning, sortie des ateliers en 1968, ici dans sa fameuse couleur Pacific Blue (4 000/6 000 €). L’un de ses atouts est d’être la version américaine d’une des plus performantes machines de série conçue par la Birmingham Small Arms durant les sixties, avec moteur bicylindre quatre temps de 650 cm3 (n° A65LB1974). Du côté des italiennes, se détachera du peloton une Laverda 650, également de 1968 (n° de moteur 1209), avec une estimation de 4 000/5 000 €. Un engin particulièrement séduisant car la 650, modèle pionnier dans la gamme des grosses cylindrées Laverda, ne sera produite qu’à seulement 52 exemplaires. Quant aux incontournables japonaises, elles seront au rendez-vous, et souvent dans une version destinée à l’exportation aux États- Unis. Telle la Honda CB750 Four K4, un modèle emblématique des seventies, au design inoubliable. Elle a constitué une véritable révolution sur le marché dès son apparition en 1969, notre exemplaire étant, lui, sorti des chaînes d’assemblage en 1974. La machine présente, comme son nom l’indique, un moteur bicylindre en ligne quatre temps de 750 cm3 (n° CB750E), avec une boîte innovante à cinq rapports (5 500/7 500 €). Enfin, les amateurs de machines de cross pourront retrouver les joies du kick à l’ancienne avec une Yamaha 500 HL : ce léger monocylindre quatre temps de 498 cc (n° 1T1-00146K) a été construit à 200 exemplaires en octobre 1977 dans les ateliers NVT de Shenstone, au Royaume-Uni, pour Yamaha (5 000/7 000 €).

Pilote de légende et moteur de Chevrolet

Pour terminer ce tour de piste décoiffant, on évoquera – last but not least –, deux motos hors norme, affichant par ailleurs les estimations les plus hautes de la vacation troyenne... À commencer par la MV Agusta Superveloce 800 « AGO » Racing, qui est la benjamine de cette vente puisque fabriquée en 2022. Il s’agit pourtant de l’une des plus belles machines jamais réalisées dans l’industrie du deux-roues, ainsi qu’un hommage à Giacomo Agostini, qualifié de « plus grand pilote de tous les temps ». 30 000/35 000 € devraient la couronner, tant le bolide au moteur trois cylindres en ligne, quatre temps, de 798 cm3, cumule toutes les qualités. D’abord la rareté, car elle n’existe qu’en série limitée à 311 exemplaires (le nôtre portant le n° 112), soit précisément le nombre de victoires rem- portées par Agostini. Par ailleurs, le pilote italien en personne l’a enfourchée, lors d’un roulage le 11 juin 2022 sur le circuit du Castellet, avant d’en dédicacer le réservoir. Mais la palme des superlatifs reviendra à un dernier engin, des plus spectaculaires : la Boss-Hoss V8 Chevy 5L7, millésimée 2010, qui devrait emporter pas moins de 40 000 €/50 000 €.

Le monstre, élaboré à Dyesburg (Tennessee), a la particularité d’être muni d’un moteur V8 « Small Block » de Chevrolet et d’afficher le poids intimidant de 500 kg ! Précisons enfin que ce rare exemplaire, homologué en France, est habillé d’une peinture custom complète, façon « Skyraider » de l’armée de l’air américaine...

Autant de modèles qui devraient aisément faire tourner bien des têtes !

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