Un dessin de Carmontelle préempté par le château de Versailles
Mardi 04 Octobre 2022 à 08h32

« M. de Carmontelle se fait depuis plusieurs années un recueil de portraits dessinés au crayon et lavés en couleurs de détrempe. Il a le talent de saisir singulièrement l’air, le maintien, l’esprit de la figure plus que la ressemblance des traits. » Ce « recueil de portraits », évoqué par le baron Friedrich Melchior Grimm dans une lettre de 1763, n’est pas des moindres. Louis Carrogis dit « Carmontelle » (1717-1806) a réalisé plus de 750 portraits, dépeignant « des hommes et des femmes de tout état, de tout âge […] depuis M. le Dauphin jusqu’au frotteur de Saint-Cloud. » A Troyes, le 1er octobre, c’est un dessin du compositeur français Jean-Benjamin de La Borde qui animait les enchères. Nommé premier valet de chambre du Roi à Versailles en 1766, il occupa une place de premier ordre à la cour de Louis XV.
Un portrait du premier valet de Louis XV
La charge de premier valet était réservée à une personnalité proche du souverain. Jean-Benjamin de La Borde occupa cette fonction jusqu’au décès du « Bien-Aimé » en 1774, date à laquelle il est remplacé par Marc-Antoine Thiery nommé par le nouveau roi Louis XVI. Féru de violon, il composa de nombreuses chansons et opéras et mit en musique plusieurs proverbes de Carmontelle, ces petites pièces de théâtre improvisées, destinées à la noblesse. Dans notre dessin, Jean-Benjamin de La Borde est représenté par Carmontelle de profil, tenant une clé, symbole de sa charge de premier valet.
La pendule astronomique de Claude-Siméon Passemant
A l’arrière-plan, les historiens de l’art reconnaîtront la célèbre pendule astronomique de Claude-Siméon Passemant (1702-1769) qui fut installée à Versailles le 15 janvier 1754. Ce chef-d’œuvre d’horlogerie décline simultanément l’heure et la date jusqu’en 9999, en tenant compte des années bissextiles, et il surplombé d’un globe terrestre représentant le mouvement des planètes, ainsi que d’un cadran indiquant les 29 décans lunaires. Il est le fruit de trente-six années de travail. Passemant consacra en effet vingt ans à l’élaboration des tableaux astronomiques et du rouage, dont la fabrication par l’horloger Dauthiau dura douze années. Le cabinet de bronze doré, pièce emblématique de l’art rocaille, nécessita quant à lui quatre années supplémentaires de travail à Jacques Caffieri. Heureux hasard du calendrier, ce monument artistique et scientifique a bénéficié cette année d’une restauration d’envergure et sera présenté en ouverture de l’exposition sur Louis XV organisée à partir de 18 octobre au château de Versailles, à l’occasion du tricentenaire du couronnement de l’arrière-petit-fils de Louis XIV.