Le képi du maréchal Foch pour une sculpture !
Vendredi 15 Septembre 2023 à 14h40

C’est la première fois qu’un des couvre-chefs du maréchal de France Ferdinand Foch est mis aux enchères. En novembre 2022, l’un de ces képis avait défrayé la chronique, volé au sein même de l’École militaire, à Paris, lors d’une exposition : un souvenir historique ayant visiblement de la valeur pour nombre de personnes ! L’occasion est donc donnée d’en acquérir un, de façon tout à fait légale cette fois, à Troyes le 30 septembre prochain. La provenance de celui-ci devrait attiser curiosité et convoitise. En effet, l’objet avait été conservé jusqu’à aujourd’hui dans la descendance de Georges Malissard, auteur de la statue équestre du maréchal, inaugurée le 6 juillet 1928, à Cassel, dans les Flandres ; là-même où le héros de la bataille de la Marne, devenu général en chef des armées alliées en 1917, avait établi son QG dans les moments décisifs de la Première Guerre mondiale. «La statue de Cassel était considérée par le maréchal et sa famille comme le plus beau modèle équestre jamais réalisé à son effigie», explique le commissaire-priseur Thierry Pomez, qui s’est longuement penché sur les nombreux souvenirs, factures, correspondances et coupures de presse conservés par les petites-filles du sculpteur. Ainsi, pour le remercier de son travail, Ferdinand Foch offrit à Georges Malissard son képi rouge et noir, à l’éternel bandeau en drap brodé de feuilles de chêne et à la visière en cuir ciré et verni. Les deux hommes avaient visiblement sympathisé durant les longs jours de pose dans l’atelier de la rue Pergolèse, où le militaire – passé par la célèbre école de cavalerie de Saumur et connu pour son goût de l’offensive – était obligé de se tenir des heures, le plus fièrement possible, sur un cheval de bois !
À l’origine de cette commande, il y a la volonté de l’État français d’honorer ses héros après l’armistice. Malissard s’y impliqua en réalisant les effigies des maréchaux de France. À la fin des années 1920, la ville de Cassel prit l’initiative de passer auprès de l’artiste une nouvelle commande, qui demeura la plus célèbre – une copie de cette statue fut d’ailleurs réalisée pour le duc de Westminster en 1930 et élevée à Grosvenor Gardens. Parmi les quinze bronzes et les dix plâtres d’atelier également proposés lors de cette vente, on retrouvera ainsi deux exemplaires de cette fameuse œuvre, l’un dans chacun de ces matériaux (respectivement 1 500/2 000 € et 300/500 €). On trouvera à leurs côtés des taureaux, éléphants, ânes et de nombreux chevaux, reflets de la riche carrière de ce sculpteur animalier (dont le travail est visible notamment au musée de la Chasse et de la Nature et à celui de Nissim de Camondo). Élève d’Emmanuel Frémiet, il expose dès 1908 au Salon des artistes français. Il fut régulièrement sollicité par le gouvernement pour modeler les animaux primés au Salon de l’agriculture, mais aussi par les grands d’Europe comme Guillaume II, qui lui commanda les sculptures de ses deux pur-sang ou encore George V, Alphonse XIII ou la famille royale belge. Mais le cheval demeure bel et bien son sujet favori. Passionné d’équitation, il exécuta sur la demande de leurs riches propriétaires des portraits d’étalons de course. «Les chevaux, disait Georges Malissard, ont chacun leur visage. Il n’y en a pas deux qui se ressemblent.»