Gustave Alaux a choisi l’expression de la liesse suite à la signature des traités de Versailles et de Paris, pour dépeindre l’île de Saint-Domingue et ses habitants. Un moment à la fois historique et populaire.

La grande histoire de France au travers de son aventure maritime, tel est le sujet de prédilection de Gustave Alaux. Le peintre choisit ici de représenter, dans un format exceptionnel de près de deux mètres de largeur, la fête donnée à Saint-Domingue à l’occasion de la signature des traités de paix de 1783. Entériné le 3 septembre de cette année, celui de Versailles met fin à la guerre franco-anglaise. Il est signé par les comtes de Vergennes et de Manchester au nom des rois Louis XVI et George III. Le même jour est ratifié le traité de Paris entre les représentants britanniques et ceux des insurgés américains, dont Benjamin Franklin, officialisant l’indépendance des États-Unis. À Saint-Domingue, colonie française depuis le traité de Ryswick en 1697, on célèbre cette victoire après avoir durant plusieurs années prêté main-forte aux Américains. L’on danse sur la place principale du village, les musiciens jouent dans le kiosque à musique paré de drapeaux, un feu d’artifice se préparant même sur la plage ; en arrière-plan, de grands voiliers pavoisés mouillent dans la baie… Tous les thèmes chers à Gustave Alaux sont réunis dans ce tableau. Le peintre, bordelais de naissance, a toujours été passionné par la mer et l’histoire coloniale française. Le fait que l’un de ses arrière-grand-pères, Chéri Gué – également peintre, décorateur du théâtre de la Gaité –, soit né à Saint-Domingue a sans aucun doute éveillé cet intérêt. Dès la Première Guerre mondiale, Alaux est mandaté par l’Armée pour produire des estampes sur « La légende de France », voyageant pour cela en Italie, en Suisse et en Amérique. Il peindra également des œuvres sur Christophe Colomb, sur les corsaires malouins ou encore des portraits de bateaux et des batailles navales, commandées par l’État ou des particuliers. Il est fait peintre officiel de la Marine en 1926… et peintre de l’Air en 1931, poussant l’aventure et la curiosité toujours plus loin.