Edouard CHARLEMONT (1848-1906) : Allégorie à l'Asie : Japonais en tenue de cérémonie dans un intérieur architecturé luxuriant à fond or. H. s. T. non signée, (accident à la toile en haut à gauche) 138 x 125
(Provenance : Descendants du baron Heinrich Von LIEBIEG (1839-1904).
Oeuvre en référence : à rapprocher d'un tableau figurant au catalogue de l'exposition "Heinrich Von Liebieg" au musée Giersch de Francfort, représentant un éléphant dans un décor similaire et de même facture que le nôtre, représentant les cinq continents, pour la villa Liebieg à Liberec (République Tchèque).
Le baron Heinrich Von LIEBIEG (1839-1904), industriel textile, collectionneur d'art et mécène.
La famille Liebieg fût une famille de fabricants de tissus et de marchands du Nord de la Bohème.
Ce sont les frères Franz (1799-1878) et Johann (1802-1870) LIEBIEG qui rachetèrent en 1828 une usine à Liberec et y fondèrent une filature de coton et de tissage "Liebieg & Comp." créant ainsi la base d'une des entreprises les plus grandes d'Autriche-Hongrie et plus tard de Tchécoslovaquie jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Johann LIEBIEG fût ainsi l'industriel textile le plus important de l'empire austro-hongrois et le fondateur d'une dynastie. Il épousa Marie-Thérèse MUNZBERG (1810-1848). Johann Von LIEBIEG et Marie-Thérèse MUNZBERG comptèrent parmi leurs enfants Heinrich Von LIEBIEG (1839-1904), né à Reichenberg (Liberec). Il succèda dans l'entreprise et fût ainsi membre de la deuxième génération de ces plus importants industriels de Bohème.
Heinrich Von LIEBIEG rencontra sa femme Karoline VOIGT à Vienne. Elle était issue d'une famille en étroit contact avec le milieu artistique.
A partir des années 1890, Heinrich passa une grande partie de son temps à Vienne où il se lia d'amitié avec les peintres Edouard (1848-1906) et Hugo (1850-1939) CHARLEMONT. Edouard était un artiste respecté à Vienne et à Paris et est devenu le conseiller d'Heinrich Von LIEBIEG pour l'acquisition de peintures pour ses collections. Il fit le portrait d'Heinrich Von LIEBIEG lui-même et de sa famille.
Heinrich Von LIEBIEG fit don de près de 3000 pièces de collection en faïence, porcelaine, émail, textile, etc... tant européennes que d'Extrême-Orient, Inde, Pacifique, au Musée industriel de la Bohème du Nord. Il légua ainsi 209 tableaux des écoles allemande, autrichienne et française du XIXème siècle dont Eugène BOUDIN, Charles-François DAUBIGNY, Narcisse DIAZ DE LA PEÑA, Théodore ROUSSEAU, ... et un certain nombre de scènes de genre et de portraits de famille par le peintre viennois Edouard CHARLEMONT.
La villa de Francfort d'Heinrich Von LIEBIEG, achevée en 1896 et léguée à sa soeur, est devenue également un musée sous le nom de LIEBIEGHAUS.
Heinrich Von LIEBIEG appartient donc à une génération d'entrepreneurs-collectionneurs qui, à la fin du XIXème siècle, furent aussi à l'aise dans le monde de l'industrie que dans le milieu de l'Art.
Il fût honoré d'une exposition "Heinrich Von LIEBIEG" organisée par le musée GIERSCH de Francfort en novembre 2012.
Une de ses filles, Marie-Thérèse Von LIEBIEG (1871-1944) épousa Emile de MALLMANN, dont nous présentons dans cette vente une malle VUITTON ainsi que deux autres malles ayant appartenu aux filles de ce dernier : Marie-Thérèse et Suzanne de MALLMANN.
Traduction du texte du catalogue de l'exposition "Heinrich Von LIEBIEG" au musée Giersch de Francfort :
Par ses contacts étroits avec le peintre décorateur recherché qu’était Hans Makart et par le fait d’avoir été introduit dans des cercles distingués, Charlemont pouvait probablement s’assurer quelques commandes. Une petite esquisse à l’huile comme décoration intérieure intitulé « Fête de l’enfance » (reproduction 45) démontre un rapprochement stylistique important avec Makart (reproduction 46). Les décorations murales (peintures au plafond) intitulés les 5 continents que Charlemont a exécuté pour la baronne Worms à Londres témoignent de la même conception stylistique. Idem pour les peintures murales de la villa Liebiegs à Liberec (Reicheberg) qui ne sont pas conservées.
Probablement le revêtement mural décoré d’éléphants (repro 47) a été crée dans le contexte des « 4 natures mortes sur fond d’or à la manière fantastique et opulente de Makart ». Charlemont a réalisé d’autres plafonds et peintures murales au palais Auspitz, au château St Yohann du conte X et pour la baronne Wheli.
En revanche, ne peut être considéré comme peinture monumentale et prestigieuse les 3 énormes plafonds de 1 mètre de long que Charlemont a exécuté pour le foyer du nouveau Burgthéâtre de Vienne. Il les a terminés à Paris avant 1888. Les sujets de ses peintures en 1945 étaient « Appolon et les muses », « le sacrifice d’Iphigénie » et « Le rêve d’une nuit d’été ».
Cette dernière a été considérée plus d’une fois comme un chef d’œuvre de Charlemont et démontre une certaine tension baroque de Makart et des tendances classiques.
Les critiques attribuaient ces tendances classiques à l’influence française car à cette époque Paris était le lieu de vie de Charlemont même s’il n’a pas rompu le lien avec Vienne par l’intermédiaire de commandes.
Estimation : 5 000 € à 6 000 €
Adjugé : 116 000 €